Je commençais tout juste à reprendre des forces, à faire des projets, à retrouver ma maison, la joie de vivre des enfants, j’étais loin d’imaginer que j’allais revivre de si douloureux moments : retrouver les couloirs de l’hôpital après les avoir quitté quelques jours plus tôt ailleurs… Et pourtant, la semaine dernière, je suis retournée à l’hôpital, pas pour moi mais pour mon bébé, nos premières urgences pédiatriques depuis bientôt 4 ans, et l’hospitalisation de Little G, 16 mois. Et malgré l’angoisse et la fatigue, il y a aussi eu des petits moments qui nous ont faire sourire et rire même…
Jour 1 : le jour le plus long
Il a suffi d’une nuit pour que tout bascule, alors que quelques heures plus tôt je participai à la soirée privée Zôdio, dans la nuit, Little G a eu du mal à respirer, il avait de la fièvre, j’ai pensé à la bronchiolite mais c’était si soudain, il avait juste le nez pris le matin et n’avait pas très bien dormi chez la nounou. A 8h30, j’appelle SOS médecin, il n’y avait pas de médecin disponible sur le secteur mais on m’a proposé un rdv à 10h45 que j’ai bien sûr accepté.
Le médecin me parle alors de bronchiolite et me dit que c’est surtout son nez que l’on entend, j’insiste en lui expliquant que c’est sa troisième bronchiolite mais que cette fois-ci c’est très violent, il me dit de lui donner de la ventoline en rentrant à la maison, et il me prescrit des séances de kiné pour avoir une autre auscultation dans le week-end.
En rentrant à la maison, par chance, j’ai eu la kiné de garde qui avait encore un rdv avec un bébé et finissait sa journée mais elle m’a proposé gentiment de m’attendre car j’avais 25mn de route. A peine arrivés à 13h, elle a regardé Little G et m’a dit « votre petit ne va pas bien du tout il va falloir l’emmener aux urgences ». Elle lui a mouché quand même le nez et tenté de l’aider un peu mais il était trop fatigué, et a préféré arrêter.
Nous voilà en route pour les urgences pédiatriques de Poissy avec mes deux garçons, une première pour moi depuis la naissance de Mister M. Il y avait une seule personne devant nous, sans compter les gens qui attendaient qu’on les prenne en charge. Lorsque ce fût notre tour, en l’espace d’un instant cinq personnes étaient face à nous, silencieuses et observaient Little G respirer, on m’a vite demandé de venir derrière l’accueil pour le peser, et on nous a installé dans un box. A peine le temps de lui changer sa couche, prendre sa température et lui installer des électrodes, que le médecin est arrivé, il m’a posé quelques questions puis m’a dit qu’on reprendrait l’interrogatoire plus tard et que l’urgence c’était d’aider Little G à respirer.
Après quelques aérosols (une vraie galère de lui donner), le médecin est revenu poursuivre ses questions, il a lu le mot qu’avait laissé la kiné et m’a demandé si l’état de Little G avait évolué depuis le rdv chez le médecin le matin, je lui ai dit que non et m’a alors dit que ce médecin aurait dû nous envoyer aux urgences directement, que j’ai eu de la chance de « tomber sur une super kiné ». C’est à ce moment-là qu’il m’a dit de me préparer à une hospitalisation, qu’on allait lui faire des aérosols toutes les 3h et voir le lendemain pour le passer en chambre d’inhalation. Le médecin m’a parlé de crise d’asthme aiguë, et expliqué qu’à partir de 12 mois on parlait d’asthme chez le bébé, j’ai alors pensé au chat, j’imaginais le pire, devoir le confier à une famille alors que je venais juste de le récupérer mais l’allergie a vite été écartée car Little G avaient tous les symptômes d’un virus (ouf!).
C’est donc en fin d’après-midi que l’on nous a installés dans la chambre de Little G, enfin dans un box car cela mesure à peine 6m² (j’ai eu le temps de compter les dalles au sol de 30x30cm…).
Première nuit, premières galères pour donner ses aérosols à Little G, on a dû l’emmailloter dans une couverture, et même comme ça il ne se calmait pas. Dès qu’une puéricultrice quittait la pièce il se débattait, alors au fur et à mesure elles ont compris et sont restées, ont essayées de le calmer, de lui chanter des comptines, le problème c’est qu’après ça il était éveillé pendant des heures. On a arpenté les couloirs du service, observé chaque dessin sur les murs, réalisés par une artiste, j’étais loin d’imaginer que ça allait durer des jours et des nuits…
Jour 2 : la stupéfaction
Le dimanche matin, j’avais tout rangé, on étaient prêts à partir, on avaient pas dormi de la nuit, j’avais hâte de retrouver mon lit, notre maison mais la visite de l’interne m’a vite stoppée dans mon élan, il m’a expliqué que son état respiratoire était encore très mauvais, que la crise d’asthme était bien là et qu’il faudrait plusieurs jours pour s’en remettre (plusieurs jours?!!).
Pour distraire Little G, une puéricultrice a fait des bulles pour lui changer les idées, elle est restée pendant 10mn pour qu’il prenne son aérosol correctement après la bataille de la nuit dont lui avaient sûrement parlé ses collègues, on a passé un joli moment à attraper des bulles et voir notre bébé sourire à nouveau.
Jour 3 : les blouses roses
Je savais qu’on resterait au moins une nuit encore, mais on passait à un aérosol toutes les 4h, ça faisait un réveil en moins pour la nuit ce qui me semblait déjà pas mal. Ma maman est passée nous voir après son travail, et j’ai découvert que la salle de jeux était ouverte, une blouse rose était là, c’est une bénévole qui vient pour jouer avec les enfants hospitalisés, une adorable mamie à la retraite qui connait tous les jeux de société par cœur, prend le temps de donner à chaque enfant un jeu qui lui fasse plaisir. J’ai alors vu que la salle était ouverte de 15h à 17h trois jours par semaine : lundi, mardi et mercredi en me disant que de toute façon on sera rentrés d’ici là.
C’était le paradis pour Little G : des cuisines, des duplo, des coloriages, des tampons… j’ai vu mon bébé revivre, parce que 6m² auxquels il faut enlever le fauteuil, le lit et le grand plan à langer avec l’évier ça fait très, trop peu pour un bébé de 16 mois qui marche et a besoin de se dépenser.
Mister M est venu à l’hôpital car je ne savais pas quand nous allions rentrer, je lui ai dis que le mercredi on devraient être à la maison, on a pris un petit goûter (à 19h), on a fait des activité sur son nouveau cahier, et plein de bisous pour prendre des forces pour la nuit.
Jour 4 : la fausse joie
Une fois de plus, ce matin là j’avais tout rangé, pour moi Little G allait mieux, il était fatigué, toussait encore mais en même temps la bronchiolite on sait que c’est très long pour s’en remettre complètement alors j’y croyais à la sortie. La pédiatre est venue ce jour là, certainement pour faire le certificat de sortie mais à la première auscultation elle m’a dit que son état était encore très mauvais, l’interne m’a dit que c’était pire que la veille, que la crise revenait et qu’il fallait revenir en arrière et recommencer le protocole de soins depuis le début, depuis les urgences…
Je vous laisse imaginer la déception de ne pas rentrer et l’inquiétude de voir que mon bébé n’allait pas du tout mieux. On a recommencé des aérosols toutes les 10mn puis toutes les 3h, Mister M est venu me rendre visite, il m’a raconté sa journée d’école et comme chaque soir on est allés prendre un petit jus de fruits et un gâteau en tête à tête.
Cette nuit-là, Little G s’endormait sur chaque aérosol et l’équipe de nuit m’a fait un joli cadeau en me laissant dormir pour le dernier aérosol, je me suis réveillée car un bébé venait d’arriver dans la chambre d’à côté à 3h du matin. Je savais que c’était l’heure de l’aérosol alors je suis allée dans le couloir en demandant si on ne lui faisait pas maintenant et la puéricultrice m’a dit « ça y est on lui a fait », alors j’ai insisté car je comprenais qu’elle avait préparé le mélange et elle m’a dit qu’elle m’avait laissé dormir et donné l’aérosol à Little G dans son lit. J’étais tellement surprise, agréablement bien sûr, j’ai trouvé ça tellement gentil de sa part, c’était une délicate attention dont j’avais vraiment besoin.
Jour 5 : ensemble
Ce jour-là, j’ai scruté l’arrivée des médecins dans le service, ils sont venus nous voir en premier, les nourrissons des chambres d’à côté étaient partis la veille, et pour la première fois, l’état de Little G était bien meilleur que la veille. On allait pouvoir passer à un aérosol toutes les 4 heures et envisager une sortie le lendemain, même si la pédiatre m’a bien rappelé qu’il fallait prendre son temps et ne pas se faire de films, du coup je me suis préparée à rester encore quelques jours pour au mieux avoir une bonne surprise.
Mon frère et ma maman sont venus nous voir (avec des macarons miam!) à la salle de jeux, mon frère repartait le soir même aux Philippines, on devaient y aller pendant les vacances de février, mais ce sera pour l’année prochaine et avec du recul, c’est une chance que ce soit reporté car je n’aurais pas pu emmener Little G dans cet état.
En fin de journée, l’interne me racontait qu’il avait vu Mister M la veille et qu’il avait l’air de bien comprendre ce qu’il se passait, j’en ai profité pour lui demander si on pouvait exceptionnellement le faire venir au salon des parents pour que mes deux bébés puissent se retrouver. Quelques minutes après, Mister M est arrivé mais je ne savais pas encore s’il pourrait rester avec nous, on est descendus prendre un petit cookie, il m’a raconté son premier cours de foot avec son meilleur copain L., et puis en ouvrant la porte du service l’interne m’a fait signe de venir, on s’est éxécuté, et il m’a dit « je vous ai négocié 30mn » pendant qu’il fermait la porte d’une salle où nous attendaient Little G et mon mari!!! Le bonheur d’être ensemble à nouveau, de voir mes deux garçons se retrouver, se faire un bisou et se chamailler un peu.
Jour 6 : home sweet home
Ce 2 février, Little G était de très bonne humeur, très joueur, on sentait qu’il allait mieux, l’interne est venue une première fois, elle m’a dit qu’il n’y avait presque plus de signe de lutte respiratoire, c’était déjà une bonne nouvelle, le deuxième interne est venu et m’a dit que c’était mieux mais qu’il faudrait continuer le traitement à la maison et donc quitter l’hôpital. Ce petit mot que j’avais tellement envie d’entendre, on allait enfin pouvoir rentrer chez nous. L’après-midi on a testé la chambre d’inhalation et Little G a pris ça comme un chef, après l’aérosol c’était vraiment facile et presque agréable pour lui!
Little G a eu 17 mois ce jour là, un joli cadeau pour lui, il a aussi dit son premier « aurevoir » à l’interne, un moment vraiment émouvant, lui qui ne dit que « maman » et « non » pour le moment.
Et puis il y a eu tous ces jolis moments qui ont apporté un peu de douceur à cette hospitalisation, il y a eu les départs des nourrissons des chambres d’à côté, les blouses roses qui donnent de leur temps pour s’occuper des enfants, le personnel qui a toujours été à l’écoute, les puéricultrices qui m’ont fait des biberons à 1h ou 5h du matin sans jamais me demander d’attendre, les heures de comptines visionnées sur YouTube, les tête à tête à la cafétéria avec Mister M, les beaux dessins du couloir représentant des animaux, les moyens de transport ou des étoiles, la jolie photo des trois copains de Little G envoyée par la nounou et tous les messages de soutien reçus qui m’ont donné du courage et les bisous magiques envoyés à Little G qui l’ont fait guérir.
On est rentrés à la maison, j’ai pleuré, beaucoup, j’étais épuisée, soulagée, et fière, si fière de mon bébé qui a grandi d’un coup, qui donnait son pouce pour prendre sa saturation, qui tendait son bras pour prendre la tension, qui mettait son masque d’inhalation et applaudissait à la fin.
Et après sa première nuit à la maison, en voulant le récupérer dans son lit, il m’a montré du doigt quelque chose par terre, je lui ai donné un doudou et j’ai fini par m’asseoir, il s’est alors levé en me montrant de baisser sa barrière pour le récupérer comme je l’avais fait toute la semaine à l’hôpital, ça m’a fait fondre…
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8 Comments
[…] jours après, il y a eu son hospitalisation, on a passé 6 jours non stop en tête à tête, et puis on a été séparés à nouveau quelques […]
Ton petit chat a été si courageux face à cette épreuve… Une fois de plus c’est nos enfants qui nous donnent des leçons de vie face à nos peurs et nos angoisses.
Comme tu le sais, j’ai vécu aussi plusieurs séjours aux urgences et des hospitalisations pour Louis (et ce depuis ses 2 mois) donc je comprends parfaitement l’épuisement et le stress que ça engendre.
Profitez bien de votre séjour en amoureux !
Plein de bisous
Merci ma belle, oui je sais que ça n’a pas été facile côté santé pour ton petit chat, et au début je pensais à toi et toutes les mamans qui doivent rester une nuit à l’hôpital avec leur bébé sous surveillance, du coup je n’ai pas été tellement inquiète la première nuit même si c’était difficile, mais c’était les montagnes russes émotionnelles après.
Tout est bien qui finit bien et j’espère que tout ça sera dernière nous désormais.
Plein de bisous
Je n’ose même pas imaginer ton inquiétude lors de cette semaine épouvantable.
Tu es forte après les derniers événements vécus… Et les enfants sont toujours étonnants dans ces moments-là.
J’ai connu une fois les urgences avec mon doudou. Il avait moins d’un mois et avait vomi du sang.
C’était le jour de mon anniversaire, je me souviendrai toute ma vie de chaque détail de cette journée.
Beaucoup de pleurs, d’interrogations, d’incertitudes…
Puis j’ai connu l’hôpital dans le cadre d’une intervention chirurgicale.
C’est tellement dur en tant que maman.
En tout cas, je suis contente et soulagée que tout aille mieux et je te souhaite paix et tranquillité pour les mois à venir.
Merci pour ton message, oui les enfants sont plein de ressources et voient les choses différemment j’imagine et c’est tant mieux pour nous.
C’est sûr qu’on a vu mieux comme cadeau d’anniversaire que les urgences…
Le mois de février semble bien plus doux et apaisant que janvier <3
Le pauvre chaton ! Il a été bien courageux.
Dures épreuves pour un petit bout et ses parents..; j’espère que tout ça est vraiment derrière vous !
Merci beaucoup, bébé va beaucoup mieux et nous aussi du coup 🙂